lundi, octobre 16, 2006

Pourquoi y a-t-il tant de lâches parmi les journalistes ?

Une question bien légitime que nous sommes, souvent, nombreux à nous poser.

La réponse :

« S’opère lentement une déresponsabilisation de l’écriture. Si nous écrivons de la merde [sic], ce n’est plus seulement la nôtre. C’est un peu celle de l’AFP, que l’on a recopiée. C’est aussi celle de la hiérarchie, qui a imposé sa décision. C’est surtout celle du lecteur, dont on a devancé les goûts. Ce ne sont plus nos mots mais ceux du corps social, qui s’exprime à travers nous. Ceux du système économique qui, par l’impératif de vente, par le manque de temps, par la concurrence à imiter, contraint nos choix.
« On s’en fout, ricanera un journaliste de France 2. L’important, c’est de bien baiser. » Alors que la vie dans les rédactions relève du paisible purgatoire, l’hédonisme sert de soupape. « On fait 99 % de caca [sic], s’insurge Sébastien K., employé de Radio France. »¹

Des témoignages remarquables qui en disent long sur l’état d’esprit d’une certaine caste journalistique. On remarquera, au passage, le profond mépris affiché pour le lectorat et le public en général. Faut-il, vraiment, chercher les causes de « la crise de la presse », ailleurs que dans ces aveux ? Un tel cynisme, un tel « hédonisme », un tel conformisme, un tel arrivisme ne peuvent qu’engendrer un inévitable rejet de la part d’un peuple encore sain et lucide. Cette culture de l’irresponsabilité n’est qu’une culture de la lâcheté : c’est là leur excuse, c’est là leur faiblesse.

1. François Ruffin, Les Petits soldats du journalisme, Les Arènes, 2003, p. 227.