mercredi, juin 04, 2008

L’enfant du Lac

Il flottait là comme un signe, le petit garçon vendéen suspendu entre l’air et l’eau… Il flottait là sur la nuit du lac d’Apremont, comme un ange aux yeux bleus et aux cheveux blonds… Il flottait là entre la vie et la mort sans moyen de décider l’une ou l’autre à lui faire bon accueil, sécher son pyjama, tarir ses larmes, et le sortir enfin des portes de l’Enfer où son cœur se broyait.

Et puis l’aube est venue. Un pêcheur s’approchait. Son chien s’est immobilisé sur la rive sans oser même aboyer : il a donné l’alerte rouge à son maître en gémissant de douleur et en voussant le dos. Alors le pêcheur est entré dans l’eau, il a tiré l’enfant sur la rive, l’a couvert tant bien que mal du blouson jeté sur la rive et s’est précipité pour chercher de l’aide, non loin de là, chez un ami pompier, car le petit Antoine respirait.

Il est des jours ainsi où le fait divers n’est pas intégralement odieux. Des jours où l’ange gardien d’un petit garçon de huit ans dont on vient de saigner la mère veille une nuit entière à lui tenir la bouche close et le nez hors de l’eau, luttant pour que le lac n’envahisse pas ses poumons, après que l’assassin l’a jeté là comme un sac, histoire d’offenser un peu plus au passage l’œuvre de la Création… Ne vous inquiétez pas de l’enfance et des maladies du coupable, pour une fois… Voyez la main de l’Ange, le signe inexplicable et pourtant merveilleux. Réjouissez-vous.

Hugues Kéraly
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